INSTITUT DE RECHERCHE AGRONOMIQUE DE GUINEE Dr Sawa CAMARA face aux grands défis de l’IRAG

La volonté du chef de l’Etat le Professeur Alpha CONDE de rajeunir l’administration guinéenne par la promotion des jeunes cadres compétents ne cesse de se manifester en témoignent les nominations de ces dernières années. Parmi ces jeunes cadres il y a Docteur Sawa CAMARA qui, à la faveur d’un décret de Monsieur le Président de la république en date du samedi 3 Août 2019 a été nommé Directeur Général de l’Institut de Recherche Agronomique de Guinée. Un choix hautement apprécié par l’opinion qui voit en ce jeune chercheur des qualités exceptionnelles pour relever les défis de la recherche agronomique.
Présent dans les effectifs de l’IRAG depuis 2001, Sawa CAMARA a d’abord été Coordinateur scientifique du Centre Régional de Recherche Agronomique de Baring pour la moyenne Guinée et Directeur de la station de recherche zootechnique de Faranah avant de bénéficier de la confiance du chef de l’Etat pour prendre les rênes de la Direction générale de l’IRAG le mardi 20 Août 2019. Il fera désormais face aux grands défis de l’institut dans l’optique de faire de lui une structure de recherche agronomique de référence en Afrique et dans le monde. C’est justement pour comprendre tout cela que nous avons cherché à le rencontrer pour vous. Dans cet entretien empreint de cordialité, Docteur Sawa nous parle des grands défis de l’IRAG, les stratégies envisagées, les premiers acquis de sa gestion, les rapports de son institut avec les autres directions et services techniques du ministère de l’agriculture. Voici pour vous l’essentiel de ce qu’il nous a confié. Lisez !

J.A : Bonjour Dr Sawa CAMARA
Dr Sawa CAMARA : Bonsoir Monsieur Koïvogui
J.A : La rédaction du journal L’AGRICULTEUR par ma voix, voudrait vous remercier pour cette interview que vous avez bien voulu lui accorder. Ceci dit, notre première question porte sur votre personne. A savoir qui est Docteur Sawa CAMARA ?
Dr Sawa CAMARA : Merci pour cette question. Je suis Docteur Sawa CAMARA, Directeur Général de l’Institut de recherche Agronomique de Guinée.  Sur le plan académique, je suis de la 33ème promotion de l’Institut supérieur agronomique et vétérinaire de Faranah où j’ai obtenu mon diplôme d’ingénieur agronome spécialisé en productions animales en 1999. Après mes études universitaires en Guinée, j’ai été recruté à l’IRAG en 2001 en qualité de jeune chercheur. Depuis cette date, j’ai bénéficié de plusieurs formations post-universitaires dont entre autres : le Master professionnel en santé animale tropicale à l’Institut de Médecine Tropicale d’Anvers en Belgique de 2001 à 2002, Master of science de 2010 à 2012 et Doctorat de 2015 à 2019 en Biotechnologie et Productions animales à la Faculté d’Agronomie et des Sciences Agricoles (FASA) de l’Université de Dschang au Cameroun.
J.A : Le 03 Août 2019, un décret de son Excellence Monsieur le Président de la République le Professeur Alpha CONDE vous portait à la tête de l’Institut de Recherche Agronomique de Guinée. Quels ont été vos premiers sentiments suite à cette nomination ?
Dr Sawa CAMARA : Tout d’abord je voudrais profiter de l’occasion que vous m’offrez pour adresser toute ma reconnaissance à Son Excellence, le Professeur Alpha CONDE, Président de la République pour m’avoir nommé à ce poste aussi prestigieux qu’est la Direction générale de l’Institut de recherche agronomique de Guinée. Comme vous le savez bien l’IRAG malgré son jeune âge comparativement aux autres institutions de recherche agronomique au niveau de la sous-région Ouest-africaine, dispose aujourd’hui d’une bonne expertise dans le domaine de la recherche et développement. Cette expertise est régulièrement mobilisée par les partenaires (OP, services publics, projets, sociétés, institutions sous-régionales et internationales) pour générer des innovations pertinentes en vue de contribuer à l’amélioration de la productivité agricole guinéenne. Il assure également la formation des producteurs et des services d’appui sur les itinéraires techniques de production, de défense des cultures, de transformation et de conservation des produits agricoles. Conscient de l’ampleur des tâches confiées par le gouvernement à l’IRAG, je m’engage à faire de cette institution un véritable outil de développement du secteur agricole.
J.A : Monsieur le Directeur Général, il y a de cela dix mois que vous êtes aux commandes de la recherche agronomique de Guinée. Peut-on connaitre aujourd’hui les grands défis de l’IRAG ?
Dr Sawa CAMARA : Comme vous le savez très bien l’IRAG est la principale Institution de Recherche Agronomique guinéenne placée sous tutelle du Ministère de l’Agriculture. C’est un établissement public à caractère scientifique doté de la personnalité morale et jouit d’une autonomie administrative, financière et de gestion avec un Conseil d’Administration. Les principaux défis de l’IRAG sont entre autres : le renforcement des capacités des ressources humaines à travers le recrutement et la formation des jeunes, la mise en place d’une plate-forme de concertation fonctionnelle entre l’IRAG et ses partenaires; la production des innovations agricoles et agroalimentaires; l’amélioration durable de l’impact des innovations agricoles éprouvées; la gestion et l’amélioration des infrastructures, des équipements de recherche et de communication pour le développement et la mise au point de financement durable de la recherche agricole.
J.A : Quelles sont les stratégies que vous êtes en train de mettre en œuvre pour relever ces grands défis ?
Dr Sawa CAMARA : Ma stratégie est de créer les conditions favorables de concertation au sein du personnel chercheurs et cadre d’appuis à la recherche. Je m’attelle également à rétablir un climat de confiance entre l’Institut et ses partenaires techniques et financiers par la mise en œuvre d’outils de collaboration et de gestion adéquats. Pour se faire, nous allons dès maintenant mettre en place tous les outils juridiques notamment le règlement intérieur mais aussi le manuel de procédure de gestion administrative et financière. En plus de la gestion administrative, en collaboration avec le Directeur scientifique, le Conseil scientifique de l’Institution sera bientôt fonctionnel. Comme vous le savez bien, la recherche est un travail d’équipe nécessitant des moyens humains, matériels et financiers. Il ne peut être mené qu’en équipes pluridisciplinaires. Pour l’IRAG le but n’est pas de faire de la recherche pour la recherche, mais d’assurer son rôle d’acteur de développement rural. D’où la nécessité pour l’institution, de diversifier ses activités de recherche. Il s’agit de générer ou d’adapter des technologies agricoles capables à court terme d’accroître les rendements des cultures et des animaux. A long terme de créer par des innovations un environnement confortable et durable pour les agriculteurs.
J.A : En seulement dix mois de gestion, est ce qu’on peut savoir ce qui a changé au niveau de l’Institut de Recherche Agronomique de Guinée ?
Dr Sawa CAMARA : Dès ma prise de service, j’ai avec tous les collègues chercheurs et personnel d’appuis, lancé un programme de génération des ressources propres par le renforcement des prérogatives de la Division production et valorisation des infrastructures de recherche. Par ailleurs, j’ai également en collaboration avec la Division des ressources humaines fait du recrutement des jeunes chercheurs ma priorité. Aujourd’hui avec l’appui personnel de Madame la Ministre de l’Agriculture, le dossier de recrutement de ces jeunes est très avancé. Au niveau de la Direction générale, des matériels informatiques performants ont été mis à la disposition de toutes les divisions en vue de contribuer à améliorer les conditions de travail des chercheurs et personnel d’appuis.
J.A : Quels sont vos rapports avec les autres directions techniques du ministère de l’agriculture ?
Dr Sawa CAMARA : L’IRAG est l’outil d’accompagnement et d’anticipation du développement agricole guinéen. Il est la pierre angulaire de la politique agricole du ministère de l’agriculture. Nous travaillons en collaboration directe avec tous les services techniques du Département de l’Agriculture en général et l’ANPROCA en particulier. Les recherches menées par l’IRAG partent toujours de la problématique remontée par les différents services du ministère de l’agriculture. Une fois les innovations éprouvées, elles sont mises à la disposition de l’ANPROCA pour sa diffusion. Nous travaillons également avec la Direction nationale de l’agriculture pour l’homologation et la certification des semences créées par l’IRAG. Dans le cadre sanitaires, l’IRAG travaille en partenariat avec le Service National de la Protection des Végétaux et des Denrées Stockées sur la mise au point des moyens de lutte intégrée contre les maladies et les ennemis des cultures.
J.A : Que retenez-vous de votre prédécesseur en l’occurrence Docteur Famoi BEAVOGUI nommé dans les fonctions de secrétaire général du ministère de l’agriculture ?
Dr Sawa CAMARA : C’est d’abord un grand frère qui m’a encadré et m’a montré le chemin de la réussite. J’ai connu Dr Famoï BEAVOGUI lorsqu’il était Coordinateur Scientifique du Centre Régional de Recherche Agronomique de Bordo à Kankan en 2003 et moi jeune chercheur au Centre Régional de Recherche Agronomique de Bareng à Pita. Depuis cette date jusqu’à nos jours, il reste pour moi une personne ressource. Donc entre lui et moi c’est la fraternité.
J.A : Votre dernier mot pour clore cette interview ?
Je voudrais encore une fois de plus profiter de votre journal, L’AGRICULTEUR qui est un outil d’information et de sensibilisation du monde rural, pour adresser toute ma reconnaissance au Professeur Alpha CONDE et à son gouvernement pour les différents appuis constants accordés à l’IRAG. Je voudrais également remercier Madame la Ministre de l’agriculture pour son soutien constant  et son engagement à toujours accompagner l’IRAG pour le bien de notre agriculture.
Je voudrais particulièrement attirer l’attention du gouvernement et de ses partenaires techniques et financiers sur les difficultés que traversent actuellement notre institution. Elles se résument entre autres par l’insuffisance en ressources humaines de qualité, le faible niveau d’allocation budgétaire, la vétusté des infrastructures et équipements de recherche. Je voudrais enfin solliciter auprès du gouvernement que certains chercheurs expérimentés admis à faire valoir leurs droits à la retraite soient recrutés par l’Etat en qualité de contractuels pour une durée de deux ans. Ces chercheurs aideront l’institution à mieux former les jeunes à la méthodologie de la recherche. Je vous remercie !
J.A : Merci Monsieur le Directeur Général
Dr CAMARA : C’est à moi de vous remercier

Entretien réalisé par Maurice KOIVOGUI
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