Le Directeur Général de l’Institut de Recherche Agronomique de Guinée, Docteur Sawa CAMARA était l’invité de l’émission « Guinée Rurale » ce samedi 5 juin 2021 chez nos confrères de la radio Fim FM 95.3. Les questions proposées par Alpha Ousmane SOUARE et son équipe ont porté essentiellement sur la connaissance de l’IRAG notamment ses attributions, ses activités, ses acquis et les contraintes de la recherche agronomique guinéenne.
Visiblement très détendu, Docteur Sawa CAMARA a entamé ses propos par rendre un vibrant hommage aux pionniers ainsi qu’aux vaillants soldats de la recherche agronomique guinéenne pour les multiples sacrifices consentis.
Abordant la toute première question relative aux effets du changement climatique sur les activités de l’IRAG, Docteur CAMARA dira qu’au niveau de son institution il est créé un programme de recherche chargé du changement climatique basé au Centre de Régionale de Recherche Agronomique de Foulaya pour la Guinée Maritime à Kindia. Les facteurs liés aux changements climatiques sont pris en compte dans nos créations variétales et c’est pourquoi nous avons créé des variétés adaptées aux différentes conditions éco climatiques du pays, a-t-il affirmé.
Poursuivant, le Docteur CAMARA a d’abord rappelé l’historique de la recherche agronomique guinéenne qui date de la période coloniale tout en mettant un accent particulier sur les efforts fournis par ses prédécesseurs jusqu’à la mise en place de l’Institut de Recherche Agronomique de Guinée le 19 Avril 1989.
S’agissant de la sollicitation des semences produites par l’IRAG au niveau des producteurs, son Directeur Général dira ceci : « je voudrais vous dire que nous créons des variétés en fonction des différentes spéculations et en fonction des contraintes trouvées au niveau des producteurs. Au niveau de l’IRAG, nous avons 17 programmes de recherches nationaux. Parmi ces programmes de recherche nous avons le système agraire et territoire. Ce programme nous permet de nous rapprocher des producteurs en collaboration avec nos partenaires du ministère de l’agriculture et de l’élevage notamment l’ANPROCA, la DNA, la DNPV-DS, la Chambre Nationale d’Agriculture. Avec tous ces partenaires, nous faisons des études diagnostiques auprès des producteurs pour connaitre leurs principales contraintes. A ce jour, parlant du riz qui est la principale denrée consommée, nous avons créé une quarantaine de variétés qui sont adaptées à nos différentes conditions éco climatiques. Parmi ces quarante variétés nous avons aujourd’hui une dizaine qui sont déjà diffusées en milieu rural. Nous ne faisons pas de la recherche pour la recherche mais à la demande des producteurs. Nos semences sont certifiées par la Direction Nationale de l’Agriculture avant leur diffusion. ». Nous faisons des expérimentations pour savoir quelles sont les potentialités et les faiblesses de la variété. Une fois que nous avons ces informations nous passons à la démultiplication. Tout commence au niveau de la station de recherche a-t-il ajouté.
Pour ce qui est de la quantité de semences produites, Docteur Sawa CAMARA a précisé que son institution n’a pas pour vocation de produire une grande quantité mais de créer des variétés qui sont soumises à des expérimentations et certifiées par la Direction Nationale de l’Agriculture. Les structures partenaires sont chargées à leur tour de les démultiplier et de les mettre à la disposition des producteurs.
Dans la rubrique intitulée « Champion du monde paysan », le Directeur Général de l’IRAG a écouté avec attention le cri de cœur d’un producteur de la pomme de terre dans la Préfecture de Mali en Moyenne Guinée. Un cri de cœur qui selon Docteur Sawa CAMARA est tombé dans de bonnes oreilles. Pour cela, il a indiqué qu’un programme de recherche sur les cultures maraîchères et la pomme de terre est basé au Centre Régional de Recherche Agronomique de Bareng pour la moyenne Guinée à Pita. Nous travaillons avec tous les producteurs y compris ceux de Mali. Nous demandons à ce producteur de prendre contact avec la Fédération des Paysans du Fouta-Djalon, et l’Union des Producteurs Agricoles de Soumbalako (UGAS) à Mamou.
Dans le secteur de l’élevage et de la foresterie, nos confrères de la radio Fim FM ont tenté de comprendre les apports de l’IRAG. Sur la question, Docteur Sawa CAMARA dira que dans le domaine de l’élevage plusieurs travaux de recherches ont été réalisés notamment dans le cadre du contrôle des maladies aviaires. Nous avons mis en place des plans de prophylactiques contre la Newcastle qui est une maladie virale de la volaille. Ce plan prophylactique s’adapte à nos conditions climatiques. Au niveau de l’alimentation, nous avons aussi mis en place des formules alimentaires pour la volaille. Tout cela a été fait au Centre Régional de Recherche Agronomique de Bareng. Quant à la production fourragère, nous avons mis en place une collection fourragère d’essences bien adaptées aux conditions éco climatiques du pays. Nous avons aussi travaillé dans la valorisation des résidus de récoltes à travers le traitement à l’Urée de la paille du riz et du fonio dans l’alimentation des ruminants (Bovins, Ovins et Caprins) sur toute l’étendue du territoire national et la confection des blocs multi nutritionnels.
En Guinée Forestière nous avons mis en place des formules alimentaires pour les porcs. L’IRAG travaille également dans le cadre des IPADER (Initiatives Présidentielles d’Appui au Développement Rural) pour ce qui concerne l’introduction des races de porcs à haute productivité.
Pour ce qui la Foresterie et de l’agroforesterie, il existe au sein de l’IRAG, un Programme de recherche sur ces thématiques au Centre Régional de Recherche Agronomique de Sérédou pour la Guinée Forestière. Au compte de ce Programme, des travaux ont été menés sur des systèmes de production en agro forêt en protégeant l’environnement notamment le café Ziama dont nous avons obtenu l’indicateur géographique. Nous travaillons avec tous les partenaires qui évoluent dans la foresterie et l’agroforesterie, a-t-il déclaré.
Avant de clore son intervention, Docteur Sawa CAMARA a tenu à louer les efforts de son Excellence Monsieur le Président de la république le Professeur Alpha CONDE en faveur du secteur agricole. Il a également plaidé auprès du gouvernement pour non seulement le recrutement des jeunes cadres contractuels de l’IRAG dont les dossiers se trouvent au niveau du ministère de la fonction publique depuis huit ans mais aussi d’accorder un peu plus de subvention à son institution qui est capable de faire mieux pour le bien de l’agriculture guinéenne.
Maurice KOIVOGUI